L’alimentation s’invite dans les classes d’Ecublens pour une semaine.
Les traditions et habitudes alimentaires sont le reflet identitaire de chaque société et témoignent de valeurs culturelles constitutives de patrimoines culinaires, façonnés et transmis de génération en génération.
Mais aujourd’hui, l’acte alimentaire, dans sa dualité vitale et sociale, ne «va plus de soi» et interroge. Après des siècles d’incertitude alimentaire, l’évolution sociétale a entraîné une profonde mutation de notre rapport à la consommation et à la nutrition. Ainsi, divers facteurs d’influence ont modifié nos habitudes alimentaires, déconnecté le mangeur-consommateur de la production et diversité agricoles etbrouillés ses repères gustatifs et nutritifs. De plus, cette période d’abondance offre une pléthore de produits transformés et standardisés par l’industrie agro-alimentaire qui induit un dilemme, celui du choix éclairé.
Et c’est bien nos enfants qui sont exposés, «hameçonnés» par la pub et la satisfaction addictive d’aliments transformés ; on peut aussi penser que bon nombre d’entre eux souffrent de manques ou de carences plus silencieuses ayant un effet sur leur croissance et leurs apprentissages.
Une prise de conscience culturelle et environnementale se fait sentir maisla résistance s’organise grâce à des commerçants et artisans de qualité, à des initiatives alternatives (paniers de légumes[1]), aux circuits courts, à la vente à la ferme ou au marché. C’est donc le bon moment pour agir.
Pour le sociologue de l’alimentation J.-P. Poulain, «manger» est un acte vital qui permet de se maintenir en bonne santé et de renouveler son énergie, mais aussi un acte de désir, soutenu par le plaisir et enfin un acte social qui tisse du lien entre les mangeurs.» L’enseignement de l’Éducation alimentaire, dès le plus jeune âge, permet d’aborder des thèmes liés à l’alimentation sous divers angles en abordant les aspects sensoriels, nutritionnels, sociaux, écologiques et économiques. Cette approche vivante, par l’exemple, vise l’acquisition de connaissances et compétences favorisant le plaisir gustatif, le bien-être, la préservation de sa santé physique et psychique, le respect de l’environnement et enfin, d’opérer des choix de consom’acteur, éthiques et responsables.
Troisthématiques essentielles et complémentaires /y/sont envisagéesdans ces cours : d’abord la découverte et le développement de ses capacités sensorielles (Politzer, N.) centrée sur la stimulation des sens et l’expression émotionnelle de ses perceptions ; ensuite la connaissance de l’environnement et de la durabilité basées sur la biodiversité des ressources alimentaires et de leur mode de production ainsi que des approches pratiques de la gestion des déchets (recyclage) ou d’éco-gestes du quotidien ;enfin, le domaine de la santé publique est abordépar l’approche active et préventive d’une alimentation équilibrée qui préserve le capital santé de nos enfants.
De plus, la dimension sociale et culturelle de la discipline scolaire permet d’appréhender et de valoriser les diverses cultures alimentaires identitaireset d’exercer le vivre-ensemble par un enrichissement réciproque.
Yvan Schneider
[1]info[at]uglyfruits.ch